Risques sanitaires en cabinet dentaire : les inquiétudes des patients
La nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre, depuis la presse locale, jusqu’aux grands médias nationaux. Le message d’alerte des Hospices Civils de Lyon et les témoignages des personnes touchées font froid dans le dos.
Le 16 mai dernier, un même courrier est envoyé aux 5 000 patients passés par le centre de soins dentaires du CHU de Lyon entre mai et décembre 2022. Ces personnes sont appelées à se faire dépister en raison d’un risque de contamination au VIH et à l’hépatite B et C.
Une patiente, à quelques mois de la retraite, se confie au journal régional Le Progrès :
« J'en tremble encore... J'ai vraiment peur, vraiment. J'ai galéré toute ma vie, je ne voudrais pas avoir attrapé une saleté comme ça ». Dans l'attente des résultats, tous partagent la même angoisse, et une certaine sidération face à l'absurdité de la situation.
Le timing interroge également ceux dont le passage aux HCL remonte à près d’un an. Après le dépistage gratuit proposé à l'hôpital Édouard Herriot, l'inquiétude demeure chez de nombreux patients interrogés par les équipes de France 3 Auvergne-Rhône-Alpes. D’autres, au contraire, ont été rassurés d'apprendre qu’il s’agissait, avant tout, d’une procédure de précaution.
Alerter, puis rassurer : un exercice difficile
Il faut dire que l'exercice de communication est difficile pour les Hospices Civils de Lyon. Le centre doit alerter sans équivoque sur les risques afin que les patients aillent se faire dépister rapidement. Dans un second temps, il faut aussi se montrer rassurant, car, dans les faits, le risque est relativement faible. Il peut même être qualifié de minime pour la contamination au VIH. Il est toutefois plus important pour le virus de l'hépatite B.
Plusieurs médias locaux relaient les données communiquées par un rapport de Santé Publique France réalisé en 2019. Le document fait état d’un risque d'exposition de l'ordre de 1 sur 420 millions pour le VIH et de 1 sur 516 000 pour l'hépatite B. Un centre d’appel a été ouvert pour renseigner les patients individuellement sur les risques et les éventuelles démarches à anticiper.
L’approche est similaire pour les professionnels qui exercent en cabinet dentaire. Pas question d'occulter les risques. La peur est un sentiment nourri par l'irrationnel. Le meilleur moyen d’y répondre consiste donc à rationaliser le problème, à communiquer clairement sur les dangers, leurs sources, leurs conséquences et les solutions mises en place pour maîtriser le risque sanitaire.
Défaut de stérilisation : le cas des HCL et les risques en cabinet
Que s’est-il passé au centre de soins dentaires des Hospices Civils de Lyon ? En décembre dernier, un « événement indésirable » déclenche l'alerte. Vraisemblablement, le même matériel aurait été utilisé sur deux patients différents, selon les propos d’un interne rapportés par FranceInfo.
Les hospices civils parlent d’ « un défaut dans le cadre du cycle de stérilisation » portant sur un « matériel spécifique ». Il est par ailleurs précisé que les instruments en cause étaient bien stérilisés. Ce serait le support desdits instruments qui aurait été seulement désinfecté, mais pas stérilisé.
La stérilisation du matériel dentaire passe par plusieurs étapes. La pré-désinfection n’est qu’un maillon d’une chaîne complexe allant jusqu’au conditionnement et à l'étiquetage des dispositifs médicaux (DM) stérilisés. Cette procédure très encadrée garantit la traçabilité des DM. L'objectif étant de pouvoir faire le lien entre un instrument, un cycle de stérilisation et un patient.
La traçabilité individuelle des instruments réutilisables joue un rôle essentiel dans la réassurance du patient et dans la sécurité sanitaire du cabinet dentaire. À la suite d’un incident, comme après l’alerte lancée en interne par le centre dentaire des HCL, ces processus permettent d'identifier le ou les instruments qui auraient pu être contaminés.
Comment rassurer le patient en cabinet dentaire ?
Pour rassurer un patient sur la stérilisation des instruments dentaires, un praticien peut expliquer les mesures qui sont prises pour assurer un environnement sûr et hygiénique.
Normes de stérilisation
Le praticien peut faire savoir au patient que son cabinet dentaire suit rigoureusement les normes de stérilisation établies par les autorités sanitaires et les associations professionnelles. Cela garantit que tous les instruments sont nettoyés, désinfectés et stérilisés de manière appropriée.
Processus de stérilisation
Le processus de stérilisation utilisé peut être décrit brièvement : nettoyage des instruments dentaires pour éliminer les débris, soumission à un processus de désinfection et de stérilisation à l'aide de techniques et d'équipements spécifiques, etc.
Utilisation d'instruments jetables
Certains instruments dentaires sont à usage unique et sont jetés après chaque patient. Cela réduit considérablement les risques de contamination croisée et cela peut également rassurer le patient sur le fait que les instruments utilisés pour lui ne l’ont pas été pour quelqu’un d’autre.
Formation du personnel
L’équipe dentaire est formée et sensibilisée aux protocoles de stérilisation et le patient a le droit de le savoir pour être rassuré. Le personnel suit des formations régulières pour se tenir au courant des dernières techniques et pratiques de stérilisation.
Audit et contrôle qualité
Le patient peut être informé du fait que le cabinet dentaire effectue régulièrement des audits internes et externes pour vérifier la conformité aux normes de stérilisation. Cela garantit un suivi rigoureux des protocoles de stérilisation et maintient un niveau élevé de sécurité et d'hygiène.
Stérilisation et traçabilité : C.Q.O. accompagne les cabinets dentaires
C.Q.O. (Conseil Qualité Odontologique) se tient aux côtés des professionnels engagés dans une démarche de qualité en cabinet dentaire et met à leur disposition des logiciels de traçabilité de la stérilisation.
L’application e-stericode développée par C.Q.O. est un outil bien connu des assistants dentaires. Le groupe s‘attache à proposer des outils à la fois intuitifs et efficaces sur lesquels les praticiens peuvent se reposer. En complément, C.Q.O. propose des sessions de formation à l'intention des praticiens et de tout le personnel du cabinet pour suivre l'évolution des procédures et des solutions logicielles.
Le logiciel C.Q.O. de traçabilité des lots de stérilisation permet de réaliser un dossier de traçabilité pour chaque DM avec toutes les informations requises par la HAS. Les professionnels peuvent ainsi compter sur un outil fiable pour sécuriser leur pratique et fournir les justificatifs utiles en cas de besoin.
