Compresses, gobelets, essuie-mains, gants, aiguilles d’injection, amalgames… Tous ces déchets caractéristiques des soins dentaires présentent des degrés de dangerosité différents et ne répondent pas aux mêmes exigences de traitement. Si l’article R1335-2 du Code de la santé publique prévoit que « toute personne qui produit des déchets [...] est tenue de les éliminer », les professionnels de santé se reposent sur des sociétés spécialisées dans la collecte et l’élimination des produits à risque. Encore faut-il procéder au tri en amont. Retour sur les différents types de déchets rencontrés en milieu dentaire, les conditions de tri et les acteurs à solliciter pour respecter les procédures à la lettre.
Les types de déchets
La réalisation de soins dentaires sur un patient entraîne plusieurs types de déchets plus ou moins nocifs pour la santé publique et l'environnement. En premier lieu, il convient de distinguer :
- Ceux ne présentant pas de risque particulier, on parle alors de déchets assimilés aux ordures ménagères (DAOM). Le plus souvent, ce sont des emballages, du papier essuie-mains ou encore des draps d'examen n'ayant pas été souillés ;
- Ceux considérés comme dangereux au regard du risque infectieux, chimique, toxique ou radioactif qu’ils comportent.
Ces derniers déchets à risque sont répartis entre différentes catégories selon leur degré de dangerosité. Ce sont principalement :
- Les déchets d'activité de soins à risques infectieux (DASRI) pouvant contenir, soit des micro-organismes viables, soit leurs toxines susceptibles de contaminer les individus ou d’autres organismes vivants. Parmi les vecteurs de transmission à surveiller, figurent les compresses, les fils de sutures, les cotons dentaires, les gants, les masques et les blouses, mais aussi les dents extraites.
- Les objets piquants coupants tranchants (OPCT) qui ne seront pas réutilisés. Il s’agit notamment des aiguilles d'injection, des lames et ciseaux, qu’ils aient été en contact ou non avec des éléments potentiellement contaminés.
- Les déchets de soins à risques chimiques ou toxiques (DRCT) pouvant nuire gravement à la santé des personnes qui les manipulent et porter atteinte à l'environnement et à la biodiversité. Dans le cadre de l'exercice des activités d’un cabinet dentaire, ce sont bien entendu les amalgames qui sont visés.
L’évaluation du risque relève de la responsabilité du professionnel, qui oriente les déchets vers les filières de traitement appropriées.
Comment s’organise le tri en salle de soin ?
Après l'opération, les déchets sont réunis sur le plateau ou le plan de travail et regroupés selon leur nature dans des contenants appropriés. Par exemple, les déchets « mous », de type compresses et cotons souillés, et les déchets dits « OPCT », de type aiguilles et ciseaux, sont recueillis dans des bacs distincts et sécurisés. Les autres éléments non souillés sont quant à eux jetés dans la poubelle prévue pour les autres déchets ménagers.
Les déchets d’amalgames font l’objet d’un tri particulier. Les déchets dits « secs » (amalgames déposés, surplus de malaxage…) sont jetés dans des bacs dédiés qui seront stockés sur place jusqu’au passage d’une société de collecte spécialisée. Les déchets « humides » issus du rinçage de la bouche du patient requièrent la pose d’un récupérateur de particules solides d’amalgame pour éviter leur évacuation vers le réseau des eaux usées.
Les conditions de stockage des DASRI varient selon le volume des déchets entreposés. Plus le site produit des déchets en quantité, plus la fréquence de passage d’une société spécialisée augmente. Le lieu de stockage doit par ailleurs répondre aux normes de sécurité en vigueur et notamment protéger les éléments contre le risque d’incendie, les intempéries et toute dégradation pouvant être causée par l'intrusion d’animaux. La zone sélectionnée doit également permettre l’accès à tous les équipements nécessaires à son entretien régulier.
Comment sont traités les déchets collectés ?
Une fois collectés, les déchets à risque sont pour la plupart détruits par incinération. C’est le cas des DASRI qui doivent impérativement être triés et jetés dans des poubelles spécifiques. A défaut, leur présence au sein d’une poubelle dédiée aux déchets ménagers exposerait les populations et l'environnement aux risques liés à leur enfouissement. S’agissant des OPCT, les erreurs d'affectation exposent directement les opérateurs en centre de tri aux risques infectieux.
Comment rester informé sur les précautions de tri ?
Le traitement efficace et sécurisé des déchets est un sujet majeur de politique environnementale qui touche également à la sécurité des populations. Les réglementations et précautions applicables dans ce domaine évoluent rapidement, et sont parfois le résultat de prises de décision locales. Pour être à la page concernant les obligations et les bonnes pratiques applicables en cabinet dentaire, des formations en gestion des déchets sont dispensées partout sur le territoire. La société CQO (Conseil Qualité Odontologie) propose des formations à l’intention de tous les acteurs d’un cabinet dentaire, et notamment la formation Gestion des Déchets et des Rotatifs.